Château de Chenaux vu de l’Est
- Eglise Saint-Laurent
- Jaquemart ou barbacane
- Donjon
- Portes pour les hourds disparus
- Tour de l’ouest
- Pigeonnier ou tour en encorbellement
- Tour rouge
Les origines
La légende prétend qu’Estavayer a été fondée par un chef germain du nom de «Stavius» en 512. Il en est toutefois différemment de la réalité.
Bien que les fouilles archéologiques soient très peu nombreuses, il peut être établi que le territoire de la Commune a connu l’occupation humaine en tout cas dès le mésolithique (8000 – 5500 avant J.-C.). L’occupation des rives est dense durant le néolithique et la fin de l’âge du bronze. Durant les autres périodes, le niveau du lac a repoussé l’implantation des habitats sur les hauteurs. Les sondages de l’autoroute A1 révèlent de nombreuses traces d’occupation protohistorique et plusieurs habitats. Des tombes furent exhumées et leur mobilier atteste peut-être d’un établissement du Haut Moyen Age. Le patronyme de la paroissiale, Saint-Laurent, suggère la création d’un lieu de culte déjà à cette époque.
La ville aux trois seigneurs : la période médiévale
Les origines des seigneurs d’Estavayer, qui comptèrent parmi les plus puissantes familles nobles du pays de Vaud, restent obscures. La seigneurie fut notamment attestée en 1156, dans le Cartulaire de l’Abbaye d’Hauterive, par un acte qui fait mention de Renaud seigneur d’Estavayer et de son fils Conon. A la mort de ce dernier, ses deux fils Guillaume et Renaud II se partagèrent la seigneurie. La branche aînée, issue de Guillaume, conserva le château primitif, sur la Motte-Châtel, tandis que la branche cadette établit résidence dans une maison forte hors des murs, dans le voisinage de l’actuelle Tour de Savoie. Vers 1290, deux membres de cette branche, Pierre et Guillaume d’Estavayer, entreprirent la construction d’un troisième château au Nord-Est du vieux bourg, dit «château des Chenaux».
A travers les siècles
Avant 1300
- Hourds au haut du donjon
- Hourds en bois au-dessus de la porte
- Puits
- Coupe du donjon, épaisseur du mur: 2m50
- Pont-levis sur le fossé
En 1450
- En 1450, construction d’un Jaquemart en molasse, d’abord sans les mâchicoulis
- Entrée latérale avec pont-levis
- Autrefois entrée latérale
- Meurtrière en trou de serrure, encore en place aujourd’hui
- Entrée reconstruite en 1450, avec mâchicoulis
Depuis 1500
- Annexes
- En 1503, construction des 2 tours rondes en briques pour remplacer les tourelles en encorbellement
- Dépendances d’abord en bois puis en pierre dès 1750
- Porte d’accès depuis le chemin de ronde encore en place
- En 1503: adjonction d’annexes au Jaquemart et d’un couronnement en briques avec mâchicoulis
En 1402, Humbert le Bâtard, demi-frère du duc Amédée VIII, reçoit la part de la branche cadette et achète en 1432 la seigneurie de Chenaux. Du château, qui tombe déjà en ruine faute d’entretien, il fera une puissante forteresse, le flanquant de braies (1433-1436), puis le complétant de tours symétriques côté lac et d’une barbacane-châtelet à l’entrée (1433-1441), prestigieuse architecture de brique, oeuvre de carronniers piémontais ou lombards.
En 1454, Jacques d’Estavayer rachète le château au duc de Savoie, récupérant du même coup la seigneurie. En 1475, lors de la prise de la ville par les Confédérés, les Fribourgeois s’en saisissent, car il est depuis 1466 grevé d’une hypothèque en faveur de l’Hôpital de Fribourg. Le château de Savoie et son fief échurent à Fribourg en 1536. La maison forte, en ruine, fut abandonnée et le site avec ses derniers vestiges fut cédé aux Dominicaines en 1687. Quant au «Vieux Château» de Motte-Châtel, la branche aînée de la famille d’Estavayer, plutôt que de la réparer, préféra déménager dans le courant du XVe siècle, semble-t-il, dans une maison de la place de Moudon. C’est là que mourut en 1632 le dernier descendant de la famille, Laurent d’Estavayer.
Les origines du bourg
On ne sait que peu de choses sur les origines du bourg médiéval, de sa fondation, de son plan d’origine, de sa première ceinture de remparts et de son développement. L’on n’est pas certains de savoir si la famille d’Estavayer a fondé elle-même la ville, ni si l’évêque de Lausanne, qui fut notamment leur suzerain de 1241 à 1244 les a soutenus.
La paroisse d’Estavayer est déjà signalée en 1228, dépendant du décanat d’Avenches, dans le Cartulaire du chapitre de Notre-Dame de Lausanne, ce qui suppose l’existence d’une église paroissiale à cette date. La même source transcrit un document signé le 31 mars 1230 dans le «castrum d’Estavayer», soit probablement l’ensemble constitué du château de Motte-Châtel et des maisons de la place de Moudon.
Les origines de l’organisation municipale ne sont pas mieux établies. Une première liste de bourgeois apparaît dans un jugement du 23 août 1319 et confirme une organisation bien antérieure.
Toutefois, il peut être avancé que la topographie du site fut favorable à l’établissement du «castrum» ou bourg supérieur. Situé au point le plus élevé de la plate-forme, le château était aisément défendable. Au Nord, un fossé naturel, qui correspond actuellement aux escaliers des Egralets, enjambé par un pont-levis, isolait la Motte-Châtel de la place de Moudon. Les limites du vieux bourg constitué avant 1241 sont plus difficiles à tracer. La première enceinte peut tout de même être située au Nord-Est. C’est à la hauteur de la cure actuelle que se trouvait l’une des premières portes de la cité, celle de Cheneau. En 1317, on peut lire le nom du lieu-dit de Chavannes, qui suppose l’existence d’un faubourg hors des murs, qu’on venait d’annexer à la ville au moment où les Dominicaines s’y installèrent. Au Sud le ruisseau des Moulins constituait une limite naturelle, mais on ne tarda pas à s’établir sur la rive gauche, afin d’y construire des moulins. L’incorporation du quartier des Chavannes et de celui d’Outrepont, avec ses granges et ses industries du drap notamment, fut probablement réalisée simultanément, au tournant du XIIIe et du XIVe siècles. Ensemble, ils constituaient le bourg neuf de la ville, sa première extension. Au Nord-Ouest, le quartier de Rive, avec ses maisons de pêcheurs alignées en rangs parallèles au lac, est tout aussi ancien.
Références:
www.estavayer-le-lac.ch, janvier 2012
Pro Fribourg N° 109, Estavayer-le-Lac, le Passé revisité, Gilles Bourgarel, décembre 1995
Estavayer hier et aujourd’hui, Ric Berger, Les éditions du château, mai 1985